
Thème Printemps 2026 :
Quand tombe la nuit
Le soleil se couche; la nuit tombe.
Cette formulation évoque un phénomène soudain, une chute brusque; quelque chose retient la nuit, puis elle nous recouvre de ses ténèbres, d’un coup, comme on place un drap sur une cage de perruches. Apparaissent alors les astres trahis par la lumière du jour et la prise de conscience d’un monde invisible à l’œil nu. C’est la nuit que les chats sont gris, qu’on perd la notion de la réalité pour tomber dans un monde étrange. Révélée par une lune pleine, notre ombre ne nous appartient plus tout à fait.
La nuit, c’est la cécité, le danger, la peur. On souffre d’insomnie, on se retourne dans son lit en appréhendant le lendemain, en se repassant en boucle telle scène embarrassante de la journée, en s’en voulant de ne pas déjà être endormi. C’est la nuit qu’on se demande bizarrement si les fantômes pourraient exister, car comment expliquer ce craquement étrange dans l’escalier?
Nous fuyons dans le sommeil (quand il vient) comme toutes ces proies qui se blottissent dans les frondaisons ou au creux de terriers humides pour échapper aux prédateurs qui rôdent le museau bas et les sens aux aguets. Les lois humaines ne s’appliquent pas au règne animal, qui s’anime alors en un ballet sanglant et primordial.
Mais la nuit, c’est aussi le calme, le silence, la paix. Les autoroutes se taisent, les feux de camp dorent les fougères et l’esprit peut enfin y verser tout ce qui monte, sans jamais faire de dégâts. Sous couvert de la nuit, on peut penser librement sans crainte d’être démasqué; la transgression nocturne appelle nos sens en révolte, que mutile la raison diurne. La nuit porte au rituel, qu’il prenne la forme de boucane de sauge, de crème protectrice à l’acide hyaluronique ou d’un eyeliner hydrofuge appliqué dans un autobus direction centre-ville.
Mais la nuit tombe-t-elle encore? Nos nuits ne sont-elles pas de moins en moins sombres? Les lumières d’origine humaine polluent le ciel nocturnes et dérangent les cycles naturels des migrations animales. Les ampoules, LEDs et autres néons ne seraient-ils qu’une façon pour l’être humain de se rassurer, de repousser les ténèbres qui le terrifient? Combien d’individus n’arrivent plus à dormir, la rétine brûlée par la lueur bleue des écrans hypnotiques?
La Grande noirceur d’une nuit de l’esprit, comme un crépuscule ignoré par des enfants pris dans leurs jeux, s’installe malgré tout, les forçant à accepter que le jour est terminé. Sans lumière, impossible de lire, de voir clair; c’est la nuit que disparaissent les militants et les droits civiques. C’est aussi la nuit qu’éclatent les vitrines et que s’élaborent des comités clandestins.
La nuit : absence de lumière ou présence de noirceur? Pourquoi pas les deux?
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