La peau d’un oiseau, par Nathalie Bossé

Je possède, je crois, une essence ornithologique

Une réminiscence, peut-être, d’une vie antérieure

Ce désir de n’agir que pour ma survie

De céder à l’instinct grégaire de la volaille

D’exister, sans raison

 

Je rêve d’une destinée sans éclat

Cueillir, çà et là quelques baies

Rassembler les brindilles nécessaires

À parfaire bêtement mon nid

Y mettre au monde des oisillons sitôt envolés

 

J’aimerais m’accoupler lorsque le dicte la saison

Sans autre excitation que de répondre au rut

M’exhiber les plumes, sans risquer de les perdre

Épargnée des incertitudes qui succèdent à l’orgasme

La peur du vide, de l’abandon

 

Et je veux, comme les oiseaux,

Pressentir les jours obscurs

Savoir m’évader au soleil avant la tempête

Oui, je veux, comme eux, être libre

Sans porter le poids de mon affranchissement

 

Alors que je marche, sans jamais savoir si j’avance

Les oiseaux traversent le bleu du ciel et des océans

Et sans autre ambition que celle, candide, de voler

Ils atteignent les plus hauts sommets

Sans quête de réussite ni besoin de reconnaissance

Leur battement d’ailes assuré ébranle celui de mes paupières

Toujours indécises de voir plus grand, ou de se clore plus fort

 

Les oiseaux n’ont rien de ce qui me tue

Le talent en latence

L’envie d’aimer en décrépitude

Les peines, d’amour infini

Ils se nichent au creux de mes mots perdus

Et s’abreuvent de mes larmes

 

Que pourraient donc m’envier les oiseaux?

Eux qui savent que lorsqu’on fuit les vents d’hiver

On finit toujours par revenir au bercail

Là où se déploient nos vieilles blessures

Telles les ailes de ces oiseaux qui nous font rêver

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