APPEL DE TEXTES
Recommence ?
Qui n’a jamais
J’ai souvent eu l’idée
Selon le dictionnaire
Commencer, déjà, c’est difficile. Recommencer demande un travail sur soi, un petit deuil, l’humilité d’accepter que bon, c’est vrai, j’ai un peu merdé. Quelque chose cloche, mais on essaie de se convaincre que ça ira. Après tout, personne ne remarquera que le cadre est un peu croche, non ? Il y a quelque chose de fondamentalement désagréable à recommencer, surtout quand on perd quelques heures de travail en raison d’un cloud mal synchronisé. Comme le savent bien les philosophes des quincailleries : si tu mesures deux fois, tu ne coupes qu’une seule fois.
Recommencer, ce n’est pas tant s’avouer vaincu que reconnaître les potentialités, s’attarder aux possibles du texte; c’est voir son œuvre, se voir, au pluriel : je peux faire mieux, je ne suis pas limité à la personne imparfaite qui a posé cette action imparfaite. Recommencer, c’est aussi perfectionner, à l’instar des sportifs et des musiciens qui répètent inlassablement les mêmes gestes pour pouvoir les reproduire à l’instinct. Sans cette volonté de se reprendre, la vie ne serait-elle pas qu’un long premier jet qu’on n’a pas le courage de retravailler ?
Dans Le gai savoir, Nietzsche demande ce qu’on répondrait à un démon qui nous offrirait de recommencer notre vie exactement telle qu’elle avait été vécue : « Ne te jetterais-tu pas contre terre en
grinçant des dents et ne maudirais-tu pas le démon qui parlerait ainsi ? » Qui aurait l’audace, comme un enfant qu’on chatouille, de regarder sa vie à rebours en criant « Encore ! » ? Pourtant, recommencer, on le fait constamment : au nouvel an, au printemps, à la rentrée de l’automne; la Terre tourne, le calendrier se répète, le Canadien se bat pour être dans le mix, mais à quoi bon poursuivre cette comédie ?
Albert Camus nous encourage à imaginer Sisyphe heureux de pousser, encore et encore, pour l’éternité, le même rocher au sommet de la même montagne. Le recommencement devient alors une épreuve de force, un test de caractère, un engagement contre l’absurdité du monde, contre le nihilisme de l’« à quoi bon ? » Le recommencement, la répétition ne nous empêcherait donc pas de vivre, d’aimer, de créer, de jouer.
La question qui se pose alors serait plutôt : comment faire pour ne pas recommencer ?
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Le comité éditorial se réunira pour évaluer les textes de manière anonyme et contactera les auteur.es sélectionné.es pour les accompagner dans le travail éditorial qui suivra. Conformément à la philosophie de la revue, les personnes dont les textes seront sélectionnés devront se montrer ouvertes à retravailler leur texte à la lumière des commentaires du comité. La coopération et le dialogue permettront de réaliser tout le potentiel du texte.
L’Alinéa publie de la fiction, de la poésie, de l’essai et du récit.
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