Entrevue avec Étienne-Guy Caza
directeur général
L’année 2018 marquait, pour plusieurs entreprises et organismes culturels de la région, un anniversaire d’importance ponctuant quatre décennies mises au service de la population estrienne. Ce fut effectivement le cas pour l’Association des auteures et auteurs de l’Estrie, pour le Salon du livre de l’Estrie et pour le Conseil de la culture de l’Estrie, mais également, pour la Biblairie GGC, entreprise familiale bien connue et reconnue au cœur du paysage sherbrookois.
Dans le cadre de cet événement, l’AAAE publiait à l’automne dernier un numéro spécial de la revue Alinéa abordant, par différents volets liés au monde de la littérature, l’apport inestimable de ses fondateurs, célébrant les réalisations présentes et jetant un regard éclairé sur les prospectives d’avenir de la littérature estrienne et de ses auteurs.
« 40 ans de littérature vivante en Estrie » se devaient également d’être célébrés de concert avec ses principaux artisans et partenaires. Voici donc l’essentiel de quelques échanges récents avec le directeur général d’un des pôles culturels majeurs de la région sherbrookoise : la Biblairie GGC.
Mais d’abord, un peu d’histoire…
C’est en 1976 que Gérald Guy Caza, alors enseignant de philosophie au Cégep de Sherbrooke, s’associait à des employés de cette institution d’enseignement ainsi qu’à des membres de sa famille et fondait son entreprise afin d’offrir un service de librairie au sein de ce collège et pour l’ensemble de l’Estrie. Cet ambitieux projet se réalisa rapidement par la mise en activité de cinq succursales, dont trois dans le secteur des institutions scolaires et professionnelles, soit au Collège de Sherbrooke (1977-2012), à l’Université de Sherbrooke et à la Faculté de médecine du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (1980-2007), toutes trois agréées par le Ministère des Affaires culturelles.
En 1979, le Café aux livres, une librairie de livres usagés, accueillait ses premiers clients sur la rue Alexandre à Sherbrooke. Destiné à offrir au public des livres usagés à bas prix, ce commerce allait déménager quelques années plus tard sur la rue Belvédère Sud, juste à côté du siège social de la Biblairie GGC. Dans le même secteur, au 430, rue Minto, la papeterie se greffait au Groupe GGC en 1986. Cette même année, Gérald Guy Caza fondait les Productions GGC, une entreprise d’imprimerie et d’édition.
En 1980, l’Université de Sherbrooke accueillait les services de deux succursales de la Biblairie GGC sur les campus est et ouest et quelques deux années plus tard, M. Caza quittait l’enseignement pour se consacrer entièrement à sa librairie collégiale.
Au cours de l’année 1987, Gérald Guy Caza faisait l’acquisition de la librairie scolaire canadienne à Montréal, LSC, dont le nom fut transformé pour Lire, s’amuser, créer. De plus, en juin 2000, une nouvelle succursale dans la région estrienne fut offerte à la population, soit au 401, rue Principale Ouest à Magog.
L’année 2003 annonça la réalisation d’un grand rêve pour la famille Caza. Ayant appris que les édifices de la rue Belvédère devaient être expropriés par la Ville de Sherbrooke, qui souhaitait les inclure dans son projet récréotouristique Cité des Rivières, les Caza décidèrent de concrétiser leur ambitieux projet de grande surface. En date du 15 juillet 2003, Biblairie GGC déménageait son siège social ainsi que les librairies des rues Belvédère et Minto dans un nouvel établissement de 50 000 pieds carrés.
La nouvelle « Grande Biblairie » offrirait désormais sous un même toit le livre, les jeux et le matériel d’art, devenant la plus grande librairie indépendante en activité au Québec. La collection de livres totalisait alors 45 000 titres de fonds et des nouveautés dans tous les domaines. De plus, le 1567 rue King Ouest devenait le dépositaire pour Sherbrooke des Publications du Québec et offrait le service de vente de manuels scolaires pour l’est du Québec. L’infrastructure de distribution à Sherbrooke se voyait également complétée par un secteur d’activités spécialisées dans la vente de papeterie générale, de matériel de dessin technique et d’arts plastiques ainsi que de fournitures scolaires.
Or, en 2012, GGC perd ses contrats avec le Cégep et l’Université de Sherbrooke au profit d’une coopérative formée d’étudiants et d’employés, et ce, après plus de 35 années à fournir les manuels pour la rentrée des étudiants. Le groupe dut rapidement se réinventer et, de ce fait, ajouta à sa clientèle les institutions d’enseignement primaire et secondaire ainsi que le grand public. Il augmenta alors sa collection de fonds, celle-ci devenant dorénavant moins spécialisée, donc plus générale.
La Biblairie GGC d’aujourd’hui…
Fière de desservir une clientèle de 0 à 99 ans, la Grande Biblairie offre toujours aujourd’hui, sous la même enseigne, les livres, les jeux, le matériel d’art et la papeterie. Plus de 60 000 titres sont maintenant disponibles, se caractérisant entre autres par un large éventail éditorial.
De 20 à 35 employés y travaillent, dont 12 à 15 libraires spécialisés en littérature ou en histoire, assurant l’approvisionnement et les services à la clientèle.
Un lieu de rencontre, d’art et de culture axé sur l’expérience client
Au cœur de la semaine, 8 h 55 du matin, quelques minutes à peine avant l’ouverture de la Biblairie. Déjà, quelques personnes se côtoient à l’extérieur, aux portes de l’entrée principale. Certains d’entre eux cherchent sans doute un bon bouquin ou peut-être ce chevalet ou cette couleur manquante pour leur récente réalisation artistique. Certains autres souhaitent dénicher ce cadeau unique pour une amie ou même, ce jouet tant convoité par un petit-fils ou une petite-fille. Cette jeune femme rêve d’un bon café et de quelques minutes de répit en lisant les premières pages du tout nouveau roman qu’elle vient tout juste de se procurer. Cet étudiant, tablette numérique à la main, profitera de la prochaine heure pour finaliser une recherche sur Internet.
Neuf heures pile. Le directeur lui-même nous accueille, ouvrant grandes les portes, saluant les premiers clients et souhaitant la bienvenue à chacun. Une vingtaine d’employés, dont un bon nombre de libraires parmi lesquels plusieurs sont impliqués depuis de nombreuses années, sont en poste aux points de service des différents départements, à l’administration ou à l’approvisionnement, fin prêts à amorcer une nouvelle journée. Un groupe scolaire prend déjà place pour une rencontre d’auteurs dans le tout nouveau café vaste et lumineux, vitrines désormais grandes ouvertes sur la renommée rue King de Sherbrooke; un lieu de rencontre convivial, bien situé et accessible, connecté « au pouls et à l’énergie de la ville », pour emprunter les mots d’Étienne-Guy Caza.
Quiconque s’est rendu à la Biblairie ces derniers mois fut sans doute surpris, dès son arrivée, par le nouveau « look » des lieux. Fenestration ouverte sur l’extérieur, entrée lumineuse et comptoirs réaménagés facilitant la circulation. Présentoirs de livres thématiques et de nouveautés québécoises, dont estriennes, bien en vue. À droite, une boutique cadeaux des plus colorées et attrayantes et surtout, douillettement serti à la gauche des lieux, un tout nouveau café invitant et chaleureux, géré par Faro (une seconde entreprise locale et familiale bien établie à Sherbrooke), à l’endroit même où se situaient jadis les étagères de revues, ces dernières étant moins convoitées depuis l’essor d’Internet. La Biblairie revient à la source ! Un lieu de rencontre où se retrouvent de plus en plus d’usagers, particulièrement les fins de semaine, alors que plusieurs grands-parents et petits-enfants partagent des moments précieux.
Tout au fond, bien en face, une présentation plein mur de séries de bandes dessinées, tout à côté d’une grande section de matériel d’art offrant tous les items nécessaires aux différentes activités artistiques ou aux ateliers de poterie, de fusain et d’acrylique offerts sur les lieux. Un coin réservé spécialement aux professeurs et un petit salon de lecture jeunesse agrémentent avantageusement le coup d’œil. Les sections jeux et papeterie couvrent l’enceinte arrière et ramènent le visiteur curieux vers la boutique de cadeaux et de cartes de souhaits, un ravissement pour l’œil, particulièrement à la période du temps des fêtes.
Un accueil courtois, un service professionnel et attentionné, un environnement agréable et varié : autant de caractéristiques faisant sans contredit du passage des visiteurs occasionnels ou réguliers une expérience client à renouveler et un « troisième lieu », à l’instar des bibliothèques également soucieuses d’offrir un environnement de vie culturelle animé et des plus inté-ressants. Et pour les amateurs de web, un site complet et interactif présentant les nouveautés, le palmarès et le choix des libraires ainsi que le catalogue de manuels scolaires, le matériel d’art, les jeux et articles de papeterie disponibles en magasin.
Passionné de littérature (une vaste collection de La Pléiade s’aligne sur les nombreuses tablettes de la bibliothèque ornant son bureau « pour le jour où j’aurai le temps de lire », précise-t-il), gestionnaire expérimenté et réel visionnaire, Étienne-Guy Caza est actif à la Grande Biblairie depuis plus de trente ans ainsi qu’au cœur des nombreuses manifestations littéraires de la région estrienne. Inspiré d’une mère et d’un père également férus de lecture et de littérature, il choisit, après l’obtention d’un baccalauréat en histoire, de relever l’important défi de gérance de la succursale de l’université puis, en janvier 1996, il devient responsable des infrastructures, puis directeur principal des opérations. De plus, il assume depuis peu la direction générale de l’entreprise.
Dans la continuité de ses deux parents, grands travailleurs et visionnaires, Étienne-Guy a une maîtrise et une profonde expérience gestionnaire et transmet dès la première rencontre une très grande fierté et un profond respect de son organisation, plaçant la présence aux clients et les vertus du travail au même rang que l’implication essentielle de ses employés et la reconnaissance de leur apport au succès et à la croissance de l’entreprise.
À la question incontournable de ce qu’il souhaite pour la Biblairie GGC dans un avenir plus ou moins rapproché, il répond, sans hésitation, que sa plus grande aspiration serait de demeurer un partenaire de choix dans le paysage commercial et éditorial de Sherbrooke et de poursuivre l’aide apportée aux établissements scolaires et ce « jusqu’au 80e anniversaire de l’entreprise », conclut-il. Et pourquoi pas ?
Une implication bien vivante dans la communauté estrienne
La relève littéraire estrienne est au cœur des préoccupations de la Biblairie GGC. En effet, pendant plusieurs années, cette entreprise fut partenaire du concours littéraire Sors de ta bulle ! en publiant le roman d’un élève du secondaire. Elle fut également impliquée au Grand Prix littéraire de la Ville de Sherbrooke honorant deux auteurs de l’Estrie s’étant démarqués par la qualité de leurs œuvres. En 2019, la Biblairie GGC s’associera à l’Association des auteures et auteurs de l’Estrie en récompensant le lauréat du Prix estrien de littérature grand public, ce dernier ayant remplacé tout récemment le Prix estrien de littérature de genre, lui-même décerné pour la première fois en 2017.
Établi principalement en Estrie depuis maintenant 40 ans, le groupe Biblairie GGC s’est donné pour mission d’offrir des produits de qualité à une clientèle soucieuse de la diversité culturelle. Acteur essentiel dans la promotion et dans la diffusion de la culture en Estrie et dans tout le Québec, le Groupe Biblairie GGC tient à permettre aux familles, artistes, auteurs, libraires et bouquineurs de vivre une expérience d’achats unique, auprès d’un personnel qualifié et hautement professionnel.
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