Les toiles de mon esprit me hantent. Des idées de personnages, des mots et des phrases me harcèlent. Mes mains sont incapables de peindre en image ce visuel qui voyage en moi, alors je le décris, je l’écris, je le dessine avec les mots qui rendent la beauté de mes visions. L’émotion en guise de couleur. Le choix des mots engendre la texture. La perspective est mienne et vacille selon mes états d’âme. Le croquis prend forme.
Je n’encadre pas mes œuvres et elles ne sont pas sur canevas, cette base trop rigide. Elles ont parfois comme assises une toile d’araignée pour qu’elles soient plus ajourées. Parfois, je les écoute et les suis dans un processus de lâcher-prise et à d’autres moments je me révolte contre la destination qu’elles veulent me forcer à prendre. Le combat fait rage dans mes tripes et dans ma tête. L’intuition se révolte contre la logique et vice-versa.
Pendant des décennies, j’ai laissé s’écouler et se perdre les idées d’histoires de mon esprit, maintenant je suis poussé par un besoin insatiable de les peindre sur papier pour ne pas devenir fou. Ce besoin qui rugit en moi me pourfend. Le bruit incessant qui m’habite transparaît-il aux yeux d’autrui? Suis-je le seul à vivre au sein de cette folie?
Le choix du médium diversifie les dénouements de l’art; chaque coup de pinceau définit une toile, chaque touche du clavier renforce le texte mais, dans les deux cas, un seul questionnement demeure auquel l’artiste doit répondre: À quel moment doit-il donner le dernier coup de pinceau, écrire le dernier mot ?
Bruno Laliberté, fier sherbrookois de naissance, écrit depuis son adolescence, mais ne publie pour la première fois qu’en 2007. Plusieurs genres le fascinent et il y tente sa chance ; poésie, roman et nouvelles. Ses écrits sont teintés par son côté spirituel et humaniste.
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