Qu’y a-t-il après l’écriture ?
Il est des mots qu’on note, pour soi, dans un journal intime et qui ne sont pas destinés à être lus, à être vus. D’autres mots sont partagés dans les lectures publiques, des nuits poétiques, des micros ouverts, avec rétroaction immédiate. Des textes sont soumis à des revues littéraires dans l’espoir d’être choisis, publiés et lus par un plus grand nombre. Des manuscrits sont envoyés à des maisons d’édition et quelques-uns se verront édités et imprimés pour la plus grande joie de leur auteur.
L’écriture est le résultat d’un besoin intime d’inventer des histoires, de sortir de soi des émotions qui nous submergent, une façon d’y voir plus clair, une manière de partager ses idées, ses convictions. L’écriture, c’est aussi le plaisir de jouer avec les mots, leur sonorité, leur musique. La joie de trouver le mot juste ou de redécouvrir des mots surannés.
Quand ces mots sont couchés sur le papier, qu’ils ont trouvé leur place dans notre texte, notre histoire, qu’on les a travaillés à la sueur de notre front, que des lecteurs de notre entourage nous ont fait leurs commentaires positifs, on se lance à l’assaut des éditeurs. Certains envoient leur manuscrit par la poste, hésitant encore devant la bouche grande ouverte de la boîte aux lettres. D’autres les envoient par courriel, le doigt suspendu au-dessus du bouton « Envoyer », se demandant si tout est parfait.
Voilà, c’est fait ! Le manuscrit a été envoyé dans l’univers. Il ne reste plus qu’à attendre.
Mais quoi ? Qu’attendons-nous de cette aventure ? Que nous apportera-t-elle ? La gloire, le succès ? Cette notion de succès peut être variable selon les auteurs. Pour un auteur émergent, ça peut vouloir dire être accepté par un éditeur qui accepte de le publier. Pour un auteur établi, c’est peut-être gagner des prix. Pour un autre, c’est être lu.
Nous avons demandé à des auteurs de nous partager leur réflexion sur cette notion de succès. André Jacques nous fait part de son expérience d’auteur. Lauréat de plusieurs prix littéraires, il admet que « ça ne change pas le monde, [mais] la barre est maintenant plus élevée et il faudra que le roman suivant soit à la hauteur ». Véronique Drouin, ayant elle aussi aussi gagné des prix, fait le bilan et déclare que finalement « la définition du succès devrait nécessairement impliquer une grande part de bonheur ». Et c’est toujours avec bonheur qu’elle se plonge dans ses nouveaux projets d’écriture.
Pour Mélanie Boilard, auteure émergente, le « succès ce sera, par exemple, parce que des critiques crédibles du milieu littéraire parleront [de ses livres]. On [l]’invitera à en discuter à des émissions de radio ayant une certaine renommée. » Geneviève Cloutier, quant à elle, mesure son succès à l’aune de ses rencontres avec ses lectrices. Auteure de « chick lit », elle avoue qu’« être lue, c’est un véritable honneur ».
Chantale Proulx, auteure d’essai, ne s’« attend pas forcément à être lue par [des] collègues ou par [des] proches », mais par des gens qui partagent les mêmes préoccupations, ce qui ouvre quelquefois à de nouvelles amitiés.
Peu importe ce pourquoi on écrit, chaque auteur désire être lu. Mais être lu par qui ? Raphaëlle B Adam nous livre une réflexion crue dont le titre Si je vous lis, me lirez-vous ?, en dit long sur ce qu’elle pense de la réciprocité dans la communauté littéraire. Une réflexion qui nous interpelle tous autant que nous sommes.
En plus des articles habituels, nous terminons ce numéro avec deux textes créatifs sur le thème de la réciprocité.
Je vous souhaite une bonne lecture.
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