L’expérience de l’écriture
Nous apprenons tous à lire vers l’âge de six ans. Péniblement, la langue sortie, les doigts crispés sur le crayon de plomb, nous alignons des a a a – b b b – c c c. Ces hiéroglyphes mis bout à bout forment des mots, des phrases, des idées. Pour certains, la tâche est ardue, les mots demeurent des écrins fermés à double tour dont le sens échappe à tout entendement. Le crayon et le cahier se font la guerre et le pauvre écolier, au milieu, voudrait partir en courant.
Pour d’autres, les signes mystérieux, qu’ils ne déchiffraient pas quelque temps auparavant, se dévoilent peu à peu et tout un monde s’ouvre à eux. Les livres que leurs parents leur lisaient deviennent accessibles à leurs yeux, à leur compréhension. Ils peuvent maintenant écrire leurs propres histoires, inventer des mondes, des personnages et les illustrer avec des crayons aux multiples couleurs.
L’expérience de l’écriture est passée, pour chacun de nous, par ce même chemin.
Dans ce numéro, nous souhaitons savoir comment l’écriture a fait partie de notre vie, comment elle a été présente à certains moments, comment elle s’est éloignée un peu de nos préoccupations quotidiennes, comment nous l’avons retrouvée et ce qu’elle nous apporte.
Plusieurs des auteurs qui nous ont partagé leurs réflexions ont insisté sur leurs balbutiements d’écriture, sur leur émerveillement d’enfant et la rédaction d’un journal intime.
Suzanne Pouliot nous partage un moment de son enfance que nous ne connaissons plus aujourd’hui, écrire avec une plume et un encrier. « Ce que j’aimais le plus, c’était de regarder l’encre dégouliner sur la feuille. »
Le journal intime a tenu une grande place dans la vie de plusieurs de nos auteurs. Ayant grandi sans frère et sœur, Mélanie Gagné tenait un journal qui lui tenait lieu d’ami intime, « l’écriture est devenue synonyme de refuge ». Écrire lui permettait « d’être entendue dans ce monde où, avouons-le, si peu de gens savent écouter vraiment ».
Le monde adulte a d’autres préoccupations et souvent nos responsabilités nous éloignent de ce qui faisait nos délices d’adolescent. Louise Ménard aimait les mots, mais par son travail, elle n’a « fréquenté que l’écriture utilitaire. [Entendons] par là une écriture de fonction, qui passe par la tête en évitant soigneusement le chemin du cœur et de l’âme. » Quant à Mireille Guyonnet, elle a redécouvert le bonheur d’écrire avec la retraite.
Antonin Marquis et Amélie Bibeau nous transportent au cœur de leur processus d’écriture. Vivant à Montréal, le bruit, est pour Antonin, à la fois un irritant qui dérange sa pensée et une source d’inspiration lorsqu’il plonge dans la foule et l’observe. Après réflexion, il conclut : « Je crois que cette ouverture au monde est le combustible qui permet d’écrire ».
Quant à Amélie, qui écrit depuis l’enfance, elle nous parle de sa routine d’écriture. Pour elle, aucun secret, il faut écrire tous les jours, sans quoi les personnages la fuient.
Enfin, nous trouverons également dans ce numéro le résumé des activités auxquelles l’AAAE a participé, les lauréats des prix littéraires et du Concours d’écritures sherbrookoises. Enfin, nous terminons avec les nouvelles publications de nos membres.
Bonne lecture !
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