La relève littéraire estrienne

Sors de ta bulle! nous ouvre une porte vers un univers enchanteur : l’univers de la littérature. On y entre, on l’explore et on apprend à connaître l’auteur caché en nous.  Participer à ce concours a été une des plus belles expériences de mon secondaire. C’est l’endroit idéal pour laisser aller notre créativité, partager notre passion d’écrire et gagner de la confiance. C’est le projet parfait pour faire ses premiers pas dans l’écriture!

Laetitia Chicoine

 

 

L’écriture, c’est comme une toile.  On peut y voir ce que l’on désire, sans trop diverger de L’idée initiale du peintre. L’écriture, c’est coincer un crayon entre ses doigts, tel le pinceau de nos rêves.

Lors du concours Sors de ta Bulle!, on étale nos histoires sur papier. Pendant près d’un an, j’ai foncé à toute vitesse dans la rédaction d’un manuscrit, j’ai mordu à pleines dents le fruit. Je rédigeais, des heures, des midis, des journées. J’écrivais, assoiffée.

Ce n’est qu’après avoir remporté le concours que j’ai commencé à broder mes phrases, sous l’œil attentif de Mme Lise Blouin, une auteure m’accompagnant durant tout le processus de réécriture. Enfin, je dégustais l’écriture. Pendant une seconde année, Mme Blouin et moi avons écrit, ensemble, elle me guidant à travers les mailles de la littérature. Le manuscrit gagnait en douceur. Nous ajoutions une touche de vie aux personnages, une touche d’humanité.

Puis vint le lancement. Ce moment où le rêveur devient auteur.

Charlotte St-Jean Perron

 

 

Notre expérience dans le cadre du concours Sors de ta bulle! pourrait être qualifiée de particulière. Notre livre Apparitions était le premier manuscrit écrit à deux mains dans la lignée des lauréats du concours. Ainsi, le processus de révision était d’autant plus complexe, dans la mesure où il était plus délicat d’obtenir un consensus. Surtout pour placer cette fameuse virgule au bon endroit!

Cependant, écrire à deux présente bien des avantages, surtout si l’on commence par s’entendre sur un plan détaillé de l’histoire. Nous encourageons fortement les jeunes auteurs à considérer cette option, car souvent ceux-ci n’ont pas le réflexe de s’associer pour un premier livre. Pourtant, ça dépanne vraiment lors d’un manque d’idées ou lors d’une incertitude. Ça permet de se départir un peu du fardeau de l’auteur débutant : celui de se remettre en question, certes, mais aussi d’avoir la diligence et la motivation requise pour remettre un manuscrit à temps. C’est souvent le blocage qui nuit aux jeunes auteurs : l’assiduité. Si l’on envisage le tout comme un projet d’équipe, il faut s’assurer de ne pas procrastiner pour respecter les attentes de l’autre. C’est une expérience différente, mais en même temps, tellement stimulante! On se sent, c’est le cas de le dire, moins seul face au défi.

Après le concours, nous avons mis notre créativité en veille en vue de poursuivre nos études, mais ce n’est qu’un hiatus de quelques années. Dans tous les cas, une personne qui publie un livre est auteur à vie; ce n’est pas le nombre de livres qui compte. Nous sentons que nous faisons partie d’une famille, particulièrement avec les Six Brumes, qui nous comprend et qui partage avec nous la même passion. Nous nous réunissons durant les salons du livre, année après année, et faisons part des péripéties qui ponctuent notre parcours littéraire. Ça, c’est ce qui est le plus enrichissant à long terme : garder contact avec les autres auteurs. S’il y a bien une chose que nous avons apprise, c’est que le mythe de l’« ermite inspiré » est assez loin de la vérité. Nous espérons qu’en le disant haut et fort cela aidera la relève estrienne à ne pas avoir peur de faire les choses à sa manière.

Audrey et Chloé Couture

 

J’ai eu la chance, très jeune, de constater que l’art faisait partie intégrante de ma personne, de mon esprit, de mon intimité. Alors j’ai essayé toutes sortes de choses : j’ai dansé le ballet durant dix ans; j’ai joué violon, piano, cor français; j’ai essayé de dessiner de peindre, de sculpter. Mais ce n’était jamais assez. Jamais je ne sentais que ça m’apportait ce que je recherchais.

Puis, grâce à Sors de ta bulle! et tous les gens qui ont participé à ce concours, à cette célébration de l’écriture, j’ai compris que pour me définir et grandir, j’avais besoin des mots et des lettres qui m’ont longtemps fait peur; par leur valeur intime et symbolique, par leur violence parfois.

Alors pendant deux ans je me suis mise à inventer des mondes et des histoires qui me permettaient de m’éloigner de ce que je connaissais, de ce qui me paraissait confortable. Je pensais que pour créer, je devais m’écarter de moi. Puis ça n’a pas abouti. Tellement que la troisième et dernière année du concours j’ai pensé, et ce très peu longtemps, ne pas m’inscrire, par peur de ne pas réussir.

Mais je l’ai fait, je me suis inscrite, mais en ayant une nouvelle attitude face à l’écriture. J’allais écrire sur moi, parce que je me connais par cœur, j’allais écrire les mots qui me font mal et qui me font du bien. Mais qui sont vrais. Alors je l’ai fait, de peine et de misère, j’ai écrit de courts fragments relatant des événements qui me sont arrivés, ou pas. Des actions à l’infinitif qui servent à créer un personnage, dans le cas de Vivre, le personnage était moi, en partie. J’écrivais pour me libérer d’un poids.

Puis j’ai remis le manuscrit et j’ai gagné. Je devais être heureuse et fière, mais je ne l’étais pas. J’avais le syndrome de la jeune autrice. J’avais honte. Honte des mots crus et parfois sombres qui relataient un passé qui était bel et bien le mien. Honte pour les gens autour de moi qui allais me lire. Mais j’ai commencé à travailler sur la structure, sur la forme et sur la phrase et j’ai compris que ce que je tenais entre mes mains était un livre. Alors j’ai compris la chance que j’ai eue d’avoir participé à un concours comme Sors de ta bulle!. D’avoir pu rencontrer tous ces auteurs, ces autrices, ces mentors, ces éditeurs. J’avais 17 ans et j’ai compris que je pouvais faire partie du monde littéraire. Et là, j’étais fière, de tout ce travail. Des heures à repasser un texte au peigne fin pour trouver le mot où la phrase qui mérite d’avoir sa place dans le manuscrit final.

Alors j’ai publié ce qui est pour moi un bon premier roman. Un texte qui me représente par sa sensibilité, mais son côté cru et désinhibé. Un texte qui m’a permis de vivre un peu mieux chaque jour.

Jeanne Lessard

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