Sous l’égide de Pierre Francœur, journaliste, poète et éditeur, l’Association des auteurs des Cantons de l’Est, qui deviendra au cours de la décennie 1990 l’Association des auteurs et des auteures des Cantons de l’Est, naît en 1977. Plus précisément, c’est le 15 décembre, au restaurant Le Châteauguay à Sherbrooke, qu’une vingtaine de personnes jettent les bases d’un mouvement littéraire qui deviendra au fil du temps un lieu de rencontre et un catalyseur pour les gens de lettres de la région. Pierre Francoeur occupe le poste de président et Jean Civil, Ronald Martel, Ruth de Montigny, André Hallée, Normand Labelle, de même que Roger Mitton complètent le premier conseil d’administration.
Dans une perspective sociologique, nul besoin de justifier la création d’une association d’écrivains en région à une époque où la vie culturelle bouillonne à Montréal et ailleurs. L’Association voit le jour la même année que la revue Les Lettres québécoises, fondée par Adrien Thério (qui, en passant, recherchait lui aussi une promotion équitable de son œuvre) et du syndicat des écrivains, l’UNEQ. L’effervescence des années 1970 crée des courants qui influencent naturellement le monde de l’édition, du théâtre et tout le milieu artistique québécois.
Dans ce contexte, les auteures et auteurs des Cantons de l’Est s’incorporent. L’Association regroupe des professionnels de la littérature et des sympathisants, dont Grimoire est le premier bulletin d’information. Le conseil d’administration se donne un mandat : la défense des droits des auteurs et la promotion du métier d’écrivain. Il définit l’Association comme un lieu de rencontre, de formation et d’information privilégié. Outre l’information transmise aux membres par le bulletin Grimoire, dirigé par Jean Civil de 1978 à 1981, l’équipe met en place de nombreuses activités et peut s’enorgueillir de réaliser ses ambitions dès les premières années.
En décembre 1978, l’Association décerne ses deux premiers prix littéraires. Danielle Beaulieu est lauréate du Prix Alfred-DesRochers et Claudette Picard, du Prix des Inédits, dont le nom deviendra plus tard le Prix Gaston-Gouin. À l’automne 1979, le premier Salon du livre de Sherbrooke est mis sur pied par l’Association. À partir de 1981, les ambitions du Salon sont régionales et le Salon du livre de Sherbrooke adopte le nom qu’il porte encore aujourd’hui, soit le Salon du livre de l’Estrie. Sous la direction de Ronald Martel, ce Salon devient une entité autonome en 1982.
Pour poursuivre sur la lancée de la promotion et de la diffusion des œuvres des auteures et auteurs des Cantons de l’Est, l’Association met sur pied ou gère plusieurs prix littéraires : le prix Alfred-DesRochers, attribué à une œuvre de fiction à partir de 1978 ; le prix Gaston-Gouin, attribué à une œuvre inédite de 1982 à 2002 ; le prix Alphonse-Desjardins, attribué à un essai, est créé en 1991 ; le prix Yves-Sauvageau, attribué à une œuvre de théâtre de 1986 à 1992. À ces prix s’ajoute le Grand Prix littéraire de la Ville de Sherbrooke, initiative de l’Association, sous la présidence de Michel Gosselin, appuyée par la Table sectorielle du livre de la Ville de Sherbrooke, lequel couronne à partir de 1989 une œuvre de création littéraire et un essai et, découlant de la fusion des municipalités, depuis 2004, un ouvrage anglophone. Depuis, cette reconnaissance a pour nom le Grand Prix du livre de la Ville de Sherbrooke.
Avec le temps, la promotion de la littérature et des écrivaines et des écrivains des Cantons de l’Est prend de nouveaux visages, et de nouvelles activités pour le grand public sont ajoutées : la Fête de la parole, l’Auteur du mois, les Mercredis-récits, l’Heure du thé et les Soirées intergénérationnelles. Le conseil d’administration veille chaque année à perpétuer la tradition de ses activités ou à les renouveler par des activités originales.
Lynda Giroux