« L’étrange raison derrière son choix de fuir le monde »
Nous lisons toujours un peu pour nous évader, mais il est parfois difficile de tracer la ligne entre une fuite amusante et un escapisme maladif. Or, tous les passe-temps ne peuvent-ils pas devenir obsessions? La fuite peut être libératrice, voire initiatique, mais peut aussi mener à l’isolement, au refoulement, à l’évitement. Dans cette optique, est-elle bien un choix?
Bien que les raisons de vouloir fuir le monde soient nombreuses, la guerre, le climat, l’intolérance, d’autres peuvent sembler plus étranges : le complotisme, l’ésotérisme, l’anarchisme. Mais qu’est-ce que l’étrangeté, sinon une déviation face à une norme arbitraire? L’art, la philosophie et le goût de l’aventure peuvent aussi fournir des raisons de quitter une réalité jugée consensuelle et ennuyeuse – même si tout le monde n’est pas prêt à se porter volontaire pour coloniser la planète Mars.
Thoreau, Rimbaud, Aquin et plusieurs autres écrivain.es, artistes et mystiques ont pris la fuite, à leur façon, pour le meilleur et pour le pire. Ces histoires, que nous aimons écouter et raconter, nous fascinent autant qu’elles nous confrontent. Nous aspirons à davantage, mais nous n’avons ni le courage ni la folie de brûler nos vaisseaux. Car qui sait ce que la fuite nous réserve ? Devant la diversité infinie des possibilités, pourquoi ne pas simplement se rendormir, avec le Plume de Michaux, parce que des fourmis ont mangé un mur de la maison?
René, de Florent Gouézin
Monsieur Daudet, de Jean-Blaise Bourque
Sans destination, de Magdarline Gédéon