Ouverture du cœur, par Alain Lamoureux

L’intuition aidant, cette fois je marche la langue du pied. C’est en 2018 que j’emprunte un chemin mythique, celui de Compostelle. Mon premier constat est la perte des repères. La langue, la culture, la nourriture, l’environnement, tout est différent. Cette fois, dans mon sac à dos, je n’y mets que l’essentiel : l’écoute et l’ouverture. Ce sont plus de 800 kilomètres de pur bonheur, que je franchirai à raison de 25 kilomètres par jour, étalés sur 36 jours. Ce sera la rencontre de soi, la possibilité de nettoyer mes mémoires et mes fausses croyances. J’y définirai mes nouvelles batailles. Ce seront celles d’apprivoiser le silence, de se livrer à l’introspection et d’embrasser la simplicité.

En cours de route, traversant des hameaux tous plus charmants les uns que les autres, je croiserai une centaine de personnes dont Collin, un Néo-Zélandais de 87 ans qui voyageait avec sa fille et son gendre, puis Ulrika, une médecin de Suède qui m’a prodigué de bons conseils et qui était à faire le deuil de son fils. Et que dire d’Andrès, historien à Leon, qui a pris soin de ma tendinite en plus de me faire visiter la ville. J’ai aussi rencontré Dan, un Norvégien, lequel j’ai retrouvé à Porto quelque 500 kilomètres plus tard. Fait intéressant, c’est ce jeune homme d’à peine trente ans qui m’a permis ma plus grande prise de conscience. Au moment de notre rencontre, Dan, exubérant, verbomoteur et frivole, me tapait littéralement sur les nerfs; je le fuyais. En fait, il était la copie conforme de mes vingt ans. Quand je l’ai retrouvé en fin de voyage, c’est là que j’ai réalisé et assumé une tranche de vie quelque peu mouvementée. Assis, sur une terrasse de Porto, je lui confiais toutes les relations, toutes les opportunités manquées; en fait, je mettais mes tripes sur la table. Ne serait-ce que pour cette rencontre, le voyage valait son pesant d’or. Juste avant pour lui de prendre son vol, c’est une accolade bien sentie, une réelle paix de l’âme, que nous avons échangée. Sur le chemin, chaque jour en fin de journée, arrivés au refuge, nous partagerons nos valeurs, nos expériences et notre culture. C’est un échange riche de sens. L’effet de miroir se reflète, les préjugés se transforment. Quel privilège que d’entrer en relation avec la diversité. Ma compréhension s’élargit. J’accepte mes manquements, mon ego, mon passé. Je me construis une vie nouvelle. J’accepte mon histoire de vie et s’ouvre à moi la possibilité d’écrire mon livre, Décide ou décède. Tout au long du pèlerinage quelques défis se présenteront, comme celui de la Meseta. Quatre jours, à n’y voir que des champs de maïs à perte de vue, sous des températures oscillant les trente-huit degrés. C’est le chemin de l’illumination, d’autres diront celui de la dépression.

Déjà nous avons emprunté plusieurs chemins. Chacun, unique par les choix que nous avons faits. Parcourir son chemin de vie, consciemment ou non, nous fait vivre une panoplie de situations toutes plus enrichissantes les unes que les autres. Elles nous permettent de s’épanouir, de se réaliser. Ces chemins, nous pouvons les provoquer. Ne serait-ce que d’emprunter ceux que l’on craint, ceux qui recèlent nos plus beaux défis. Vivement faire face à l’insécurité, à nos démons, à nos émotions, à nos peurs, comme celle du changement.

Einstein ne dit-il pas que faire les mêmes choses, de la même manière qu’hier, en s’attendant à des résultats différents, n’est que pure folie.

Tout concorde pour que nous puissions passer à l’action. Nos connaissances et nos expériences acquises sont les outils pour une véritable avancée. Rien n’est le fruit du hasard. Chacun de nos choix porte à conséquences. Interpellés par l’accomplissement de soi, nous nous choisissons une voie que nous n’avions jamais empruntée. Celle-ci, comme toutes les autres, sera bénéfique pour peu que nous poursuivions le but que nous voulons atteindre.

Les chemins que nous n’avons jamais empruntés sont ceux de notre intuition, ceux du langage du cœur. Accueillir tout ce qu’il nous présente, c’est vivre le moment présent, c’est vivre pleinement. Chemin faisant, faire face aux vicissitudes de la vie, les accepter comme un tremplin vers un mieux-être et faire de son mieux sont présages d’une vie meilleure. Les résultats sont l’estime de soi et la fierté personnelle. Agir, agir, agir quand l’Intelligence infinie nous propose d’utiliser avec sagesse notre pouvoir de choisir. Louvoyer entre les obstacles qui jonchent notre parcours, c’est embrasser le vent du changement.

Choisir d’aimer
En paroles, pensées et gestes
Choisir de créer
Un monde meilleur
Choisir de persévérer
Dans le but que nous nous sommes fixé
Choisir de donner
Au meilleur de soi-même
Choisir d’agir
Non de procrastiner
Choisir de vivre
Comme si aujourd’hui était le dernier

Décide ou décède à tes rêves d’enfant. Toujours la vie m’invite à faire le premier pas, puis un autre. Progresser et persévérer, pour atteindre ainsi de nouveaux sommets de compétences et de réalisations de soi.

Vivement l’enthousiasme, moteur des plus belles réalisations. Les chemins que nous n’avons jamais empruntés sont ceux de l’accomplissement et de la réalisation de soi.

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