La démarche d’écriture théâtrale reste propre à chaque auteur, c’est un fait. Cela dit, j’écris le plus souvent en collaboration avec une personne, toujours la même. Chacune est libre de s’exprimer et se sent à l’aise. Nous nous connaissons et nous nous respectons.
Au début de la création, parfois, nous avons chacun des idées de thèmes. En discutant, nous arrivons à trouver celle qui nous emballe davantage et qui nous donne le « jus » nécessaire pour développer une intrigue. Puis, en quelques phrases, une demi-page à une page, nous imaginons une histoire sommaire. Comme nous avons huit à dix comédiens réguliers, nous devons trouver des situations où tous peuvent jouer. Alors, nous créons des rôles avec une brève description des personnages et de leur apparence. Nous leur donnons un nom qui leur est propre, selon l’époque où se déroule l’action.
Débute la rédaction, étape où nous mettons en commun nos idées pour déterminer le caractère que l’on veut donner à chaque personnage. Vu que l’endroit où nous jouons ne nous permet pas de changer le décor, la plupart du temps, nous nous limitons à un seul lieu. La rédaction prend normalement de quatre à cinq mois, à raison d’une rencontre de trois heures par semaine. Le délai d’une semaine nous permet de repenser à l’intrigue et ainsi, à chaque rencontre, nous pouvons apporter des précisions ou des modifications aux différents éléments perturbateurs. Souvent, nous apportons à cette rencontre hebdomadaire des idées d’évènements ou de dialogues, créés chacun de notre côté, pour faire avancer l’histoire. Ces ajouts sont discutés et parfois modifiés. La finale de l’histoire se précise en cours d’écriture. Avec une expérience de plus de quarante pièces en vingt ans d’écriture, nous ne craignons pas la finale; c’est sûr nous que nous y arriverons.
Plusieurs relectures nous permettent de vérifier l’ordre de l’intrigue, les répétitions, les rebondissements, les aberrations et l’orthographe. Nous relisons les descriptions des personnages écrites au début, et il nous arrive de biffer une partie qui ne correspond plus à l’histoire qui a pris une autre tangente. Nous nous questionnons sur la logique, si un problème ou une situation n’ont pas été réglés. Les sentiments qui habitent les personnages sont-ils bien présents dans nos répliques ? Les dialogues font-ils avancer l’intrigue ou si nous faisons du surplace ? Le public va-t-il y croire ? La rédaction est toujours en évolution et, parfois, nous modifions le caractère d’un personnage pour mieux l’intégrer à l’histoire. Comme nous écrivons des comédies de situation, l’intrigue est dramatique, mais traitée de manière amusante.
En bref, la démarche d’écriture est propre à chacun et nous cheminons avec plaisir.
Natif de Lac-Mégantic, André-Daniel Drouin est un retraité actif, comme il se plait à le souligner. Également auteur de théâtre pour les productions théâtrales À double tranchant, il s’investit dans de nombreux projets sociaux et culturels de Sherbrooke.
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