La pertinence de la lecture
La pandémie nous a obligés à recréer nos vies en mode aseptisé, distanciés des autres, en bulles familiales, fermant les boutiques, commerces, lieux de loisirs et de culture qui nous étaient chers, nous obligeant à ne sortir de chez soi que pour l’essentiel. Pour beaucoup d’entre nous, la lecture devint l’amie la plus précieuse. Dans mon cas, j’ai revisité ma bibliothèque personnelle, retrouvé des livres lus des années auparavant en y trouvant un sens qui m’avait échappé alors.
Pour nous, qui aimons les mots, la lecture est notre « fonds de commerce ». Nous lisons les mots des autres pour trouver notre voie, notre style d’écriture, à travers chacune de nos lectures. Nous nous inspirons des unes, nous sommes émus ou offusqués par d’autres. Nous lisons pour mieux traduire des émotions, des sensations, des façons de faire, des lieux, etc. Il est impossible d’écrire, de bien écrire, si nous ne lisons pas.
Tout comme les sept notes de la gamme qui, assemblées de diverses façons, nous donnent des symphonies merveilleuses, les vingt-six lettres de l’alphabet créent des mots, des phrases, des textes, qui nous font rire et pleurer, nous emportent dans des univers lointains et nous laissent, abandonnés, lorsque la dernière page est tournée…
Dans ce numéro, nous souhaitons réfléchir à ce que la lecture nous apporte, en tant qu’écrivain mais également en tant que lecteur. On lit pour apprendre, pour s’évader, pour rêver, pour voyager, pour réfléchir, pour s’informer, pour s’ouvrir au monde…
Nous avons demandé à plusieurs auteurs de nous parler de leur rapport à la lecture, en quoi elle les inspire. Danielle Dussault nous parle de l’intimité qu’engendre la lecture, d’abord avec l’auteur lui-même puis avec ce qu’elle nous révèle de nous. Ainsi, elle « représente en quelque sorte l’aventure d’une promenade intérieure ou d’une méditation. Une part de nous-même nous est révélée grâce à des mots qu’un autre a écrits à partir de sa propre intimité. »
Michelle Busseau, membre du cercle de lecture Les rendez-vous du premier roman, abonde dans le même sens. Pour chacun des romans lus, elle « retrouvai[t] des passages de [sa] vie dans les mots des autres. » Elle nous livre très pudiquement ce que certains passages de ces livres ont réveillé chez elle.
Pour Marie d’Anjou, lire est le pendant de l’écriture. « Pour l’auteur que vous êtes, la lecture devient une source d’inspiration. C’est sûrement l’activité majeure qui a nourri votre désir d’écrire par vous-même. » C’est ce que confirme Antonin Marquis qui avoue que son roman aurait été probablement différent s’il n’avait pas été inspiré par les livres qu’il a lus « au moment où il les [a] lus ».
Les livres font voyager, à peu de frais d’abord, dans le confort de son foyer, bien installé dans son fauteuil préféré. Mais il arrive que ces images nées des mots, nous entraînent vers des contrées que nous connaissons seulement grâce à ce que des auteurs nous en ont raconté et que nous brûlons de découvrir. Depuis sa plus tendre enfance, ses lectures avaient nourri les rêves d’évasion de Suzanne Pouliot. Plus tard, elle est partie à la rencontre de ces lieux mythiques qui avaient envahi son imaginaire.
Nous terminons ce numéro par un commentaire de lecture concernant le livre Naissance d’Homère de Georges Desmeules ainsi que les nouveautés de nos membres.
Bonne lecture !
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