Chaque fois que le moment d’écrire arrive, plus rien, le vide complet. Pourtant, jour et nuit, ça tourne à vive allure dans ce crâne échevelé. Même que certains soirs, le brouhaha des mots qui se bousculent dans ma tête m’empêche de dormir. Du vocabulaire, il n’en manque pas dans ce ciboulot. Néanmoins, devant l’écran de mon ordinateur, silence. Seul le curseur clignote comme un métronome, pour me donner le rythme semble-t-il me dire.
Le juge implacable qui m’habite me coupe le souffle et l’inspiration. D’un seul regard, il m’enferme dans mes limites. L’écho de son coup de maillet me bâillonne. Si j’ose relever la tête, il pointe vers moi un doigt foudroyant. Paralysée sans pouvoir fuir, il m’impose le silence!
Où est donc la clé de cette prison qui menotte mon inspiration? Serais-je comme cet homme resté toute sa vie dans une cellule sans jamais se rendre compte que la porte n’a jamais été verrouillée?
Comment trouver le fil d’Ariane – ou le fil d’Aline! – qui me guidera dans le labyrinthe de mes doutes ? Comme Icare, je rêve de m’envoler jusqu’au soleil, libre enfin, sur les ailes de l’inspiration!
Néanmoins, question d’efficacité, pour composer ou pour traduire, l’ordinateur constitue l’outil de choix. En revanche, si je bloque sur une phrase, c’est avec le crayon que je trouve le moyen de m’en sortir. L’odeur du crayon fraichement aiguisé et la sensation de la mine qui glisse sur le papier me procurent encore du plaisir comme dans mon enfance. Par ailleurs, je n’ai jamais perdu le plaisir d’écrire avec une plume.
Originaire des Bois-Francs, Aline Élie habite Sherbrooke depuis la fin des années 1970. Enseignante à la maternelle, recyclée en traductrice, elle est maintenant à la retraite.
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