PENSÉES VIVES

je brasse les cendres de la langue

souffle sur ses tisons en agonie

mes mots bravent les interdits

se créent une existence

dérangent 

contrarient les académies

je suis entrée dans l’écriture

rebelle

mon insulerrance unique passeport

au théâtre de la logique

 

écrire

c’est ouvrir les portes de l’imaginaire

à la recherche du merveilleux

d’une fête foraine

pour se rendre compte 

qu’on entre dans l’antre de la solitude

avec comme bâton de pèlerin

des vers indociles

forçant des césures

au milieu d’une pensée 

s’insurgeant contre les rimes du poète

 

les mots se peuplent

se chevauchent

s’entrelacent

pour créer un roman d’amour

tandis que le poète vidé de son essence

s’accroche au dernier mot

comme un noyé à sa planche de salut 

devant la page qui se gausse de son angoisse

le poète se referme sur lui-même

dans un geste muet

 

il découd les syllabes

invente son propre langage

menuisier du verbe

il tond

sarcle

plante

des mots inventés

des mots nouveaux

colorés

scintillants

des mots braise qui le consument

jusqu’au bout de sa solitude

jusqu’à la dernière phrase

jusqu’à se dire

qu’écrire c’est mourir pour réinventer la vie

 

Née en Haïti, Jeanie Bogart a vécu aux États-Unis où elle a mené une carrière d’interprète et d’écrivain. Elle a commencé à écrire à l’âge de quatorze ans et a publié plusieurs recueils de poèmes. Elle a remporté le premier prix de poésie en langue créole Kalbas Lò Lakarayib 2006 en Martinique. Ses poèmes ont été publiés dans plusieurs anthologies en France, au Canada, en Belgique et aux États-Unis. Elle poursuit présentement ses études supérieures à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Lire également

COQUINE, L’INSPIRATION…

Par: Aline Élie

Chaque fois que le moment d’écrire arrive, plus rien, le vide complet. Pourtant, jour et nuit, ça tourne à vive allure dans ce crâne échevelé. Même que certains soirs, le brouhaha des mots qui se bousculent dans ma tête m’empêche de dormir. Du vocabulaire, il n’en manque pas dans ce ciboulot. Néanmoins, devant l’écran de […]

REFLETS

Tu ne sais pas où tu vas. Tu es assis devant une page blanche, gomme à effacer entre les doigts. Le papier reflète tes pensées, tes doutes, tes craintes, tes espoirs. Aucune direction ne te semble bonne et pourtant tu les prendrais toutes. Tu voudrais emplir tes fractures d’encre pour ne plus les sentir, mais […]

Partager

Commenter