Bien avant ma naissance, mon père a vécu la guerre, la deuxième. Il était stationné en Angleterre et avait avec lui sa trompette, car il faisait partie
d’un orchestre militaire qui jouait des concerts pour les hauts gradés. Une autre tâche lui était aussi dévolue, jouer la sonnerie aux morts pour
les soldats tombés au combat.
À son retour au pays, son cuivre est resté silencieux, l’amour qu’il y vouait, s’était transformé en goût amer. Au même moment, son âme se taisait pour ne plus être hantée par les combats, le sang et les atrocités. Incapable de verbaliser cette période de sa vie, il ravala son vécu et souffrit en silence, comme son instrument.
Vivre nos émotions nous libère de nos démons. La paix incite à la vie, la violence élimine tout espoir !
L’expérience de guerrier de mon père a anéanti l’artiste en lui… Moi, je refuse de me taire !
Bruno Laliberté, fier sherbrookois de naissance, écrit depuis son adolescence, mais ne publie pour la première fois qu’en 2007. Plusieurs genres le fascinent et il y tente sa chance ; poésie, roman et nouvelles. Ses écrits sont teintés de son côté spirituel et humaniste.
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