MOT DE LA PRÉSIDENTE

2020 restera dans les annales comme une année noire pour les arts, la culture et la littérature. Après avoir vu tomber les uns après les autres, tels des dominos, tous les spectacles, les événements, les festivals et les salons du livre, les artistes et artisans, les auteurs et les gens du livre se sont sentis abandonnés.

Évidemment le monde de la culture n’a pas été le seul à vivre cet arrêt général, la planète entière s’est confinée. Peut-être était-ce pour elle une façon de recharger ses batteries. En mettant les humains K.-O., la pollution a reculé et on a même vu des animaux s’aventurer sans crainte dans les zones urbaines.

Cet arrêt des activités, que les historiens du futur pourraient nommer Le Grand Confinement, a obligé tout un chacun à plus de créativité et d’inventivité, et ce dans beaucoup de secteurs. Au niveau culturel, le virtuel a remplacé le présentiel (mot devenu à la mode). Il a fallu devenir des virtuoses de Zoom, de Team, de Skype, de Facetime, etc.

Mais le confinement n’a pas eu le même effet sur tout le monde. Certains, surtout dans les débuts, ont été tétanisés devant l’ampleur de la catastrophe, suivant avec anxiété les points de presse quotidiens du premier ministre. D’autres en ont profité pour écrire, écrire et écrire sans être dérangés par les activités courantes.

Nous avons voulu faire du confinement, de la pandémie, le thème de ce numéro que nous aurions pu appeler « Écrire aux temps du Corona virus » pour évoquer le célèbre roman de Gabriel García Márquez[1]. Nous voulions savoir comment nos membres avaient vécu le confinement, ce que ça leur avait inspiré, tant du point de vue de leur écriture que du point de vue personnel ou philosophique.

Sur ce sujet, Antonin Marquis nous confie son ambiguïté entre la vacuité de l’écriture et la tâche concrète des travailleurs essentiels. Il n’arrive pas « à expliquer pourquoi, alors que tant de gens souffrent, passer son temps à rédiger des histoires inventées peut être plus important que travailler activement à alléger cette souffrance ». Caroline G. Forest, quant à elle, éducatrice en garderie, nous fait part de ses craintes et de ses peurs qui devaient « rester cachée[s] au fond d’une minuscule boîte pour laisser apparaître un arc-en-ciel pour les enfants ».

Cependant, devant le peu de textes reçu sur cette problématique, nous en avons conclu que le thème n’inspirait pas, n’inspirait plus, voire qu’on l’exécrait, que les gens en avaient soupé du coronavirus et voulaient passer à autre chose. Un nouvel appel de texte, sans thématique particulière, a été fait. Curieusement, tous les textes reçus nous parlent de relations familiales. Est-ce que le confinement nous aurait rapproché de ceux qui nous sont chers ? Pierrette Denault nous raconte des bribes de sa jeunesse sous les cordes à linge de la cour arrière. Dans un poème, Marie Sirois nous fait connaître les dimanches de son enfance et sa relation avec son père. Sous forme épistolière, un grand-père s’adresse à sa petite-fille. À travers cette confession, Danielle Ferron met l’accent sur l’importance des liens familiaux qui nous unissent. Enfin, le texte de Diane Noiseux raconte l’histoire d’une femme qui doit surmonter le deuil de son conjoint.

Dans la chronique Ricochet, Anne-Brigitte Renaud répond à Christiane Lahaie quant à la pertinence de publier des livres en ces temps d’abondance et de rareté. Le texte de madame Renaud est complet et fouillé avec plusieurs statistiques et références, elle nous présente une image nette et précise du milieu du livre et de l’édition.

Nous publions aussi les commentaires de lectures de plusieurs de nos membres qui ont bien voulu partager leurs impressions.

Je vous souhaite une bonne lecture !

 

 

[1] L’amour aux temps du choléra

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