Des merveilles d’ingénierie coûtant des milliards de dollars aux assemblages précaires de fond de rang, ponts et passerelles parsèment notre imaginaire collectif : le pont des Arts à Paris, le Golden Gate Bridge à San Francisco, la Tour de Londres, et pourquoi pas le pont Jacques-Cartier à Montréal, où la plupart des Québécois.es sont déjà restés coincés dans un embouteillage ?
Certains ponts fictifs font aussi partie de notre mythologie : le pont de Khazad-Dûm du Seigneur des anneaux, le Bifröst de la mythologie nordique, le pont du château de Bowser de Super Mario Bros, ou encore la passerelle invisible d’Indiana Jones et la dernière croisade et celle, plus modeste, que garde Petit Jean dans Robin des bois. Sans oublier le pont de la Chaudière, à Hull, où Jos Montferrant aurait affronté à mains nues 150 Irlandais.
Défendus ou non, ils permettent de franchir un obstacle, un ruisseau, une route ou un fleuve : dans tous les cas, on préfèrerait ne pas en tomber. Franchir un pont ou une passerelle, c’est risquer la chute. C’est se demander si on se rendra bien de l’autre côté, c’est regarder en bas et craindre le pire, lutter contre l’envie de donner un coup de volant, pour voir. Mais c’est aussi se diriger vers quelque chose, combler un manque, unir ce qui auparavant était isolé.
Les ponts et passerelles ne sont pas seulement des structures qui relient des rives ; ils symbolisent également les étapes de notre vie. Chaque traversée représente un saut vers l’inconnu, la fin d’un chapitre et le début d’un autre. Que ce soit un changement de carrière, un déménagement dans une nouvelle ville ou une nouvelle amitié, ces passages nous offrent l’occasion d’explorer de nouveaux horizons tout en restant ancrés dans notre passé. À chaque passage, nous découvrons de nouvelles perspectives et accumulons des histoires à raconter, une preuve que chaque pont, chaque passerelle peut nous mener vers une aventure inédite.
Ponts et passerelles, lieux de passage inévitables. Qu’ils mènent à la mort ou à un monde enchanté, à un trésor ou à la connaissance de soi-même, ils constituent autant de charnières entre deux rives, deux états d’âme, deux cultures, deux réalités.
Mais quand le pont s’écroule, que reste-t-il alors ?
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Véronique Grenier est une autrice estrienne, une conférencière aguerrie et une chroniqueuse efficace. Elle est également enseignante de philosophie au collégial depuis plusieurs années. Mère de deux enfants, elle est née à Magog, à peu près à cette date-ci, juste après la tenue du Salon du livre estrien annuel. Un présage, sans doute. On dit […]
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