COMMENTAIRE DE LECTURE : PROIES, DE ANDRÉA A. MICHAUD

Vous êtes à la recherche d’une histoire mystérieuse qui vous accompagnera pendant les soirées d’automne? D’une histoire qui inquiète, qui donne des frissons, qui vous bouleverse et vous transperce? Voici Proies, le 13e roman de Andrée A. Michaud. L’auteure a le don d’installer dès le départ une vive tension. Elle vous harnache, vous harponne, vous emprisonne. Bien fait! À peine les premières pages franchies, vous êtes désormais à la merci d’un récit qui vous emporte. Puis, soudain, c’est le crash, la débâcle, la terrifiante déroute de ce qui s’annonçait comme une fête.  

Au départ, trois jeunes de 16 ans, soudés depuis l’enfance, partent en excursion en forêt. Le père de Jude les dépose à l’orée du bois avec promesse de revenir les chercher au même endroit dans cinq jours. Aby, Jude et Alex ignorent que leur randonnée va causer des ravages dans toute la communauté. Ils ont le cœur à la fête, ils n’ont qu’un but : s’affranchir des adultes, se ménager une parenthèse de liberté, rigoler à s’en péter les côtes, hurler comme des malades, s’éclater, se prendre quelques bières, rire, vider une bouteille de whisky, se conter des peurs, nager, rire encore plus fort – le bonheur quoi! Leur insouciance sera vite mise à l’épreuve. Dès les premières heures, ils ont le net sentiment d’être observés … et ils le sont. Quelqu’un rôde autour de leur campement. S’amuse à leur faire peur. Dans quel but? Jusqu’où ira-t-il? 

Dans ce petit village adossé aux frontières américaines (Estrie/Maine), les parents de ces jeunes, l’ami et le frère de l’agresseur sont loin de se douter de ce qui se passe en forêt. Au matin du 5ème jour, les jeunes ne sont pas en bordure de la route comme promis. Le père de Jude, emporté par l’inquiétude, descend dans le bois et fait une macabre découverte. Ce sera le commencement d’une succession d’événements tous plus terrifiants les uns que les autres.

Comment qualifier l’écriture de Michaud? Elle est à la fois cinématographique et finement dentelée. On sent la forêt, on est la forêt. On respire les odeurs, on transpire de peur. On pressent que l’agresseur va nous mettre le grappin dessus, on entend clairement la voix des personnages, on trébuche, on se blesse avec eux, c’est sauve-qui-peut. Et on est dans chaque cri, dans chaque geste violent, dans la lente agonie d’une victime. 

Un village ravagé qui gardera à jamais les cicatrices d’un drame épouvantable.

L’œuvre de l’auteure estrienne Andrée A. Michaud est couronnée de plusieurs prix, dont celui du Gouverneur Général à deux reprises pour Le ravissement, en 2001 et Bondrée, en 2014. 

 

Quand elle n’est pas en train de lire, Pierrette Denault plonge dans son imaginaire. Parfois elle refait surface avec des éclaboussures d’enfance ou avec des morceaux d’épaves. Quelques-unes de ses nouvelles ont fait l’objet de lecture publique et/ou ont été publiées dans les revues Moebius, Virages, XYZ, Jet d’encre. Après avoir fait partie de l’équipe de Sors de ta bulle, son plus grand bonheur est aujourd’hui de collaborer au Journal de rue de l’Estrie dont elle est la présidente.

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