LES PIROUETTES CRÉATIVES DE KARINE TREMBLAY

Entrevue avec Karine Tremblay
journaliste à La Tribune et chargée de cours à l’Université de Sherbrooke

Le processus créatif de l’écriture est activé par l’étincelle du coeur. C’est la flamme de tous ceux et celles qui, un jour, ressentent la chaleur de ce feu intérieur. Karine Tremblay est l’exemple inspirant de cette impulsion. Cette femme-orchestre, journaliste à La Tribune, chargée de cours à l’Université de Sherbrooke et mère de quatre enfants a, toute sa vie, suivi la voie de cette passion. L’écriture s’est liée à elle ou Karine s’est tout simplement unie à cette seconde nature. Lors de notre rencontre, un lundi de grisaille en fin de journée, nous étions assises l’une en face de l’autre. Dès les premiers instants de notre entretien, en voyant les yeux étincelants de Karine, j’étais persuadée qu’Obélix n’était plus l’unique personnage à être tombé dans le chaudron de potion magique. Karine y a sûrement trempé dès son jeune âge.

D’emblée, je lui pose une question qui me titille depuis plusieurs jours et qui préoccupe toute personne s’intéressant à la profession. Comment diable une journaliste parvient-elle à stimuler la création, jour après jour ? D’un large sourire, elle avance : « J’ai toujours été allumée par mon travail. Je dois être branchée sur ce qui se passe, même si c’est souvent devant l’inconnu. Il faut s’ouvrir, puis se laisser guider pour activer la création. C’est un muscle qui se développe. » La lecture l’a beaucoup aidée à cultiver ce sixième sens. Déjà à l’école primaire, elle dévorait tous les livres de la bibliothèque.

Oui, mais… le travail de journaliste est souvent exécuté dans l’urgence. Comment soutenir ce rythme et produire des textes sans entraver la créativité ni devenir un robot de l’écriture ? Spontanément, elle avoue que « lorsqu’on a très peu de temps pour livrer un texte, en fin de soirée par exemple, on n’a pas le choix de penser et d’écrire vite. Sous pression, le cerveau fait parfois des pirouettes créatives étonnantes ».

Karine possède une aisance pour l’écoute, par formation ou déformation professionnelle, peu importe, mais grâce à cette qualité, elle accède à des révélations uniques. Elle se soucie toujours de son interlocuteur, ce qui la ramène dans une perspective contrastant avec la sienne : une façon de renouveler les idées et d’élargir la réflexion. C’est ce qu’elle tente de bonifier dans son enseignement à l’université. « Je pense que la créativité se déploie si on lui laisse du terrain, de l’espace pour s’exprimer. » Un adage qu’elle a toujours mis en pratique, surtout au moment où elle s’adonnait aux arts plastiques, en particulier à la peinture sur toile. Une activité qu’elle projette de reprendre un jour, lorsque le temps sera une denrée moins rare.

Au lendemain de l’entrevue, je reçois un courriel de Karine en lien avec notre conversation. « On a parlé du temps, hier, qui freine parfois la créativité. J’y repensais, et j’ajouterais qu’il est parfois un moteur. » Ce moteur, propulsé par une énergie contagieuse, Karine le possède à 110 %, évidence d’une passionnée. Comment élucider l’essence de la créativité d’une femme de coeur comme Karine ? Vous avez tout compris, c’est pas sorcier !

Marie-Claire Goyette,
auteure, chroniqueuse et éditrice aux Éditions Ruban de Soi

 

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